Que te dire ?
Où en venir ? Tu es si demandeur. Tu veux tout voir en un coup d’œil, tu
avales tout rond ce que je te donne. Tu ne mâches pas. Soit ça se voit, soit ça
se voit pas. Je peux t’aider un peu, te dire les nuances dans tes plats, mais
pas trop. Il faut que tu le voies, juste sentir ne suffit pas. Tu es gourmand.
Comme je te comprends. Je suis comme toi, je veux voir plus et plus vite, on me
donne une idée, un sujet, et déjà mille images défilent sur mes écrans. Je suis
toi. Je suis le spectateur des autres. Une énième boulimique de l’image.
J’ingurgite à grande vitesse n’importe quoi, n’importe quelle merde (même si je
trouve du bon, je le verrai qu’à peine) et sans rien digérer, régurgite tout
sur la toile, quelle qu’elle soit. Apparaît alors un amalgame à peine mélangé, confus
que j’ose appeler culture ou référence. Et comme toi spectateur, j’en parlerai
en experte à la première occasion. Alors j’aimerai avoir l’audace, l’orgueil
pour espérer que tu perdes une minute de plus sur mon travail que sur celui
d’autres. J’aimerai te faire voir un instant de plus ce que j’y ai caché, les
messages qui m’ont animés, le travail que ce papier à bu, les inspirations
puisées dans le travail d’autre illustres. Si tu savais comme j’aimerai que tu voies
tout ça spectateur. Je te mettrai sur la voix, plus que nécessaire, te gaverai
et te soûlerai de mes mots, de mes discours vaporeux. Peut-être même que dans
cette orgie, tu n’en voudras pas, de mes mots. Peut-être qu’en vrai, mon
travail te déplait, peut-être que tu le trouve mauvais, plat, voir, pire
critique aux yeux de cet endroit, illustratif. Je prends, spectateur ; je prends
tout ça car je suis toi et j’ai faim.
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