Reserve

La réserve fut une expérience spéciale. J’y entrais pour la première fois seule et j’étais choqué par l’odeur de verdure, par la lumière, par le décalage entre la ville que je venais de quitter et ce « délaissé ». Qu’est-ce qu’un délaissé ? Giles Clément le décrit dans le « tiers paysage », il y explique chaque sorte de délaisser que l’on peut trouver d’une façon très organisée, d’abord ça puis ça et enfin ça, croquis à l’appui. On cherchait en cours à expliquer cette notion « Tiers Paysage ». Ce qui en est ressorti est que le Tiers Paysage est ce paysage autre, un peu en marge, auquel on ne prête pas trop attention et qui, du coup grandit tranquillement dans son coin sans embêter personne. Alors que quand j’avais lu le manifeste, il m’était apparu que cette notion faisait référence au Tiers Etats de la Révolution française. Une catégorie pas très déterminable, où se mélange un certain nombre de catégories, qui reste en marge de ce qui ai considéré comme correct et respectable. C’est pourtant eux qui firent tout basculer. Le tiers paysage pour moi, c’était un peu ça. En marge, je suis entrée là et le moment m’a renversé. J’ai trouvé l’endroit magique. Il y avait une chose particulièrement qui m’y intéressait. Ce mur bombé qui se fissurait au fur et à mesure, comme si quelque chose incubait dedans, une forme de vie, une sorte d’esprit de la réserve. Mon premier travail fut de donné une apparence à cet esprit et de le faire jaillir de son mur quand nous l’aurions laissé tranquille suffisamment longtemps. Ne voulant pas rester sur mes références majoritairement venues des films d’animations japonaises d’Hayao Miyazaki, entre autre Princesse Mononoké (un film plein de légendes d’esprits de la forêt et de leur combat contre des hommes), je recherchais d’autres artistes qui avaient travaillé sur ces esprits de la nature. Une fois passer les contes pour enfants et autres illustrations, je découvris Rajak Ohanian. L’artiste photographie en pleine nature, en forêt, des formes, des visages, créés non par l’humain mais par la nature. Ici on est dans quelque chose qui part à la recherche des idées existantes avant la religion, quand les arbres étaient les piliers qui soutenaient le ciel en descendant profondément dans la terre. Je recréais en aquarelle l’évolution de l’Esprit de la Reserve. Bon, certes ça restait un travail illustratif. Je ne laissais pas suffisamment de place au spectateur dedans.

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